Comment prévoir le transit de l’ISS devant la lune ou le soleil
Bonjour à toutes et tous, après le confinement il est grand temps de se remettre à notre pratique astronomique favorite.
Pour renouer avec notre loisir, je vous propose un article destiné plutôt aux photographes car le phénomène est extrêmement court : le transit de l’ISS devant la Lune ou le Soleil.
Je n’ai pas la prétention de vous garantir un résultat à la hauteur de ce que fait Thierry Legault qui est un spécialiste de ce phénomène transitoire et qui a fait de merveilleuses images dont une montrant la navette Atlantis en approche de l’ISS lors de son transit devant le Soleil le 16 mai 2010 lors de la dernière mission de cette navette. Mais je vais vous apporter quelques éléments de réponse pour faire ce genre de photos.
Tout d’abord, et bien il faut prévoir à quelle heure va passer l’ombre de l’ISS sur le Soleil ou la Lune depuis un endroit géographique précis.
Une solution : le site www.transit-finder.com dont la page d’accueil se présente comme suit:
Comme vous le constatez il faut renseigner les coordonnées géographiques latitude longitude de votre site d’observation. Pour trouver ces coordonnées on va utiliser le site www.geoportail.gouv.fr plutôt que le bouton « Select from map » qui donne juste une carte et non la vue aérienne du site.
Exemple avec le site d’observation de l’association : pour accéder aux coordonnées vous allez devoir cliquer sur l’icône en forme de clé plate sur la droite de la carte puis cliquer sur « afficher les coordonnées » dans le menu qui s’ouvre après avoir cliqué sur la clé. il vous suffit ensuite de placer votre curseur sur la carte et de cliquer sur le site d’observation faisant apparaître une fenêtre en haut à gauche de la vue indiquant coordonnées et altitude:
Attention une petite remarque s’impose : le site transit-finder.com ne prend que les coordonnées décimales limités à 5 caractères décimaux et l’altitude ne prend pas de décimales. Dans notre cas nous allons donc entrer les valeurs suivantes:
Ensuite on va s’intéresser au second point du site transit-finder et renseigner sur quelle période nous voulons calculer les différents transits. Cette période est limitée à un mois à partir du jour où vous faites votre recherche sûrement dans un soucis de précision le phénomène étant très fugace (quelques dixièmes de secondes à quelques secondes):
Viens ensuite le troisième et dernier point : la distance que vous acceptez de parcourir pour voir ce genre de phénomène. Je vais donc mettre 80km.
Il ne reste plus qu’à cliquer sur « calculate » pour obtenir les résultats:
Ce dernier transit est des plus intéressants car le site indique un transit le mercredi 1er juillet 2020 à 07:25:35.17 en heure locale donc pas besoin de se prendre la tête avec des heure UTC GMT etc… devant le soleil d’une durée de 2.05s. En revanche le Soleil sera bas sur l’horizon à environ 13° d’altitude étant donnée l’heure.
Vous pouvez cliquer ensuite sur « Show on map » pour afficher sur une carte la bande de visibilité du phénomène qui n’est pas très large de l’ordre de 14km dans le cas présent mais qui laisse du choix pour trouver un meilleur site d’observation:
L’avantage de se situer sur la ligne centrale est d’augmenter la durée du transit qui passe de 2s environ sur notre site à 3.37s si vous vous situez sur cette ligne ce qui n’est pas négligeable et qui vous permettra d’enregistrer plus d’images.
Alors maintenant quel matériel choisir? Pas simple comme question car on peut utiliser beaucoup de choses et en premier lieu lors de transits devant le soleil : un FILTRE SOLAIRE indispensable si vous ne voulez pas détruire votre caméra ou appareil photo évidemment.
Ensuite à vous de faire un choix : dans l’idéal je prendrai un couple télescope ou lunette avec un capteur qui permet de couvrir tout le soleil ou la Lune sur l’intégralité du capteur.
Le phénomène étant très fugace (quelques dixièmes de secondes à quelques secondes) je privilégierai une caméra permettant de faire des vidéos comme les ZWO planétaires ou autres caméras du même genre.
Voici un exemple de champ que l’on peut obtenir avec une FSQ 106 (530mm de focale c’est ça le plus important) et une ZWO ASI 178MC (3096×2080 pixels de 2.4µm) :
ça tient pile poil dans le champ et il faudra donc surveiller que le soleil ne bouge pas trop avant l’acquisition.
L’avantage d’une caméra de ce type est de pouvoir faire des vidéos à haute vitesse (de 30 images par seconde à plus de 100 voir 200) suivant les réglages que l’on mettra dans le logiciel d’acquisition. Inconvénient majeur : nécessité d’avoir un PC portable avec la batterie chargée pour ne pas se retrouver sans PC à quelques secondes du phénomène. Pour les réglages il va falloir privilégier la vitesse la plus rapide que l’on peut, de façon à enregistrer un grand nombre d’images durant le phénomène sans toutefois diminuer la résolution pour avoir un maximum de détails sur l’ISS.
Si on a pas ce genre de caméra pas grave, vous pouvez utiliser un reflex numérique en mode rafale et je vous laisse éplucher votre documentation d’APN pour trouver comment faire.
Mais alors vous allez me dire : le phénomène est extrêmement court comment je peux savoir l’heure exacte de façon à ne pas le rater. Alors pour l’instant je vous donnerai une solution théorique que je n’ai pas testé sur le terrain : avec nos smartphones modernes on peut trouver plusieurs applications vous donnant l’heure à partir d’horloges atomiques, je vous dirai donc d’en choisir une au pif (enfin regarder quand même les commentaires avant pour ne pas télécharger n’importe quoi).
Pour ma part j’utilise « Atomic Clock & Watch Accuracy Tool (with NTP Time) » qui vous ouvre un encart avec l’heure exacte sur l’écran de votre smartphone.
Voila j’espère que cet article vous aura plu et que vous ne manquerez pas d’envoyer vos photos si vous vous frottez à ce genre d’exercice. Sait on jamais nous avons peut être notre Thierry Legault dans l’association. D’ailleurs je ne peux que vous montrez le cliché réalisé par Bryan le 31 mai lors d’un transit de l’ISS devant la Lune apparaissant en bas à droite de l’image:
Bravo à lui qui m’a donné envie d’écrire cet article qui je l’espère inspirera les photographes de l’association.